Art et mémoire: Laetitia Tura
- Titre:
- Art et mémoire: Laetitia Tura
- Date:
- Sam, 22. janvier 2022 - Dim, 10. avril 2022
- Catégorie:
- Art i memòria històric FR
Description
Art et Mémoire: Laetitia Tura
Ils me laissen l'exil
Exposition du 22.01.2022 au 10.04.2022
La présentation de l'exposition aura lieu le samedi 19 février à 12h avec la participation de la photographe Laetitia Tura.
Le titre de l'exposition vient du vers "Me dejan el destierro" (Ils me laissent en exil), du poème "Un Español habla de su tierra" (Un Espagnol parle de son pays) de Luis Cernuda, 1939.
80 ans après le début de la guerre civile espagnole, la réhabilitation du récit des vaincus se joue encore . A défaut d’inscription dans la mémoire collective, les mémoires de l’exil espagnol prennent des formes plus insidieuses, oscillant entre l’amnésie et l’excès de discours.
Je remonte alors les strates d’un récit s’élaborant entre le silence et la mythologie politique. Ce travail ne prétend pas à l’objectivité scientifique mais à restituer une forme sensible aux parcours de fabrication mémorielle.
Janvier-février 1939, c’est la Retirada. 500 000 Républicains, civils et militaires, franchissent les Pyrénées à la suite de la chute de Barcelone, vaincue par Franco. A la frontière, les troupes sont désarmées, les hommes et les femmes séparés puis rassemblés dans des camps d’internement improvisés. La côte du Roussillon est transformé en vaste camp, à même la plage et les marais. Et bientôt, des camps s’ouvrent dans toute la France. Les exilés deviennent des indésirables, bannis de la ville pour leur « statut » d’étrangers.
De ces anciens camps, il n’y a plus aujourd’hui que le sable, la mer et la boue.
C’est désormais une lutte pour l’échelle de la mémoire qu’il faut mener. Je rencontre les derniers témoins de cet exode chez eux. Ce sont des souvenirs d’enfance qu’ils me racontent. Autour de la table de la cuisine, parfois dans la chambre d’une maison de retraite, la parole prend place. Certaines ont traversé leur vie avec le fantôme d’un disparu jamais retrouvé. Les enfants et petits-enfants deviennent les gardiens de la mémoire de leurs parents. Mais la transmission se fabrique aussi grâce à la collecte de traces matérielles trouvées sur les plages et au travail d’un archiviste sur les fiches des internés.
Le passage par les camps a forgé une identité commune aux Républicains espagnols, fondée sur la mémoire traumatique des camps. Mais elle masque aussi la diversité des expériences de l’exil, celle des groupes, et les valeurs émancipatrices que les exilés apportaient. De quelles utopies étaient-ils les porteurs ?
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